Afin de me faire plein de nouveaux amis, j'ai décidé de consacrer ce blog à la critique d'albums jeunesse.
Pour le reste, on se reportera toujours utilement à Du sarin dans le plastibulle.

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jeudi 22 septembre 2011

Dégivrage

Michaël Escoffier et Matthieu Maudet Un mammouth dans le frigo. - L'école des loisirs, 2011.

Effectivement, il y a un mammouth dans le frigo. Un mammouth perdu ? En tout cas pas pour tout le monde...
Incroyable. On croyait l'espèce éteinte et voilà qu'à l'instar du mammouth, elle ressort du bac à légumes : un album, un vrai. Qui ne gâtifie pas, qui ne poétise pas, qui ne moralise pas, qui ne noëlise pas, qui ne pose ni au peintre ni au graphiste de la mort qui tue et qui (ouf !) ne reluque pas du côté des Trente glorieuses... Un album où il n'est question ni de jalousie, ni de différence, ni de tolérance, ni des droits de l'enfant, de l'homme ou du citoyen. Où l'on n'entendra parler ni de la Shoah, ni de la mort de Papi ou de l'alzheimer de Mamie, pas plus que d'ogre, de sorcière, de princesse ou de loup. Un album où l'on n'a pas peur du noir, ni du vilain monsieur dans la rue, où l'on n'est pas secrètement amoureux de la petite fille de l'étage du dessus ou du dessous, celle qui est battue par ses parents alcooliques mais qui l'aiment bien quand même parce que ce sont ses parents et que les parents aiment toujours leurs enfants même quand ils les attachent au radiateur. Et que si tous les enfants de l'école viennent ensemble leur faire la leçon, ils comprendront et ils deviendront gentils et il n'y aura plus jamais de guerres. Non, non, rien de tout ça : juste un texte et des dessins qui se sont mis d'accord pour raconter une petite histoire, simple, drôle, tendre, efficace, laineuse. Presque rien, donc, mais un rien devenu paraît-il aussi rare qu'un pachyderme dans le bac à glaçons.

5 commentaires:

  1. Ah, le rien ça me parle, faut que j'achète ce livre. Je sens qu'il va me plaire.

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  2. Même pas un soupçon de commentaire désobligeant? Je viens de découvrir le blog alors je lis toutes les parutions et je commençais a croire que c’était un blog entièrement dédié à la critique cinglante... Je suis presque déçu !

    Mais quand même hein, quel talent ! Dire tout le mal qu'on pense d'une large partie de la production éditoriale en soulignant les qualités d'un album fait de presque rien (mais avec brio) !

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  3. Merci ! Mais il faut tout de même que je précise : le titre, c'est vrai, pourrait faire croire à une simple entreprise de démolition, mais j'aime trop l'album pour me contenter d'en dire du mal. J'aime beaucoup de choses et je ne voudrais pas pas me priver d'en dire tout le bien que j'en pense, avec tous les degrés possibles entre "j'aime" et "je n'aime pas". Et puis il me semble plus constructif de parler aussi de ce qui est bien, sinon ce blog risquerait un peu de tourner à l'exercice de style un peu déprimant. Enfin, le terme "lénifiants" ne s'adresse pas seulement aux livres eux-mêmes mais également, et pour une bonne part, aux critiques ordinaires du livre pour enfants, où tout est ordinairement tendre, drôle et tonique. Je craignais un peu de me faire allumer par toute la profession, mais vos commentaires me rassurent et m'encouragent à glisser un peu plus loin sur la pente vengeresse du mauvais esprit. Merci !

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  4. Ouiii !!!
    Glissez un peu plus loin sur la pente très cher, la profession et les autres ne vous en seront que reconnaissants ! A titre posthume certainement, mais après tout c'est mieux que rien non ?

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